Olivier est tout d’abord un amoureux de la peinture et exprime toute sa créativité et sa vision du monde dans ses tableaux, parfois énigmatiques, qui nécessitent un certain temps pour être savourés à fond.

Toutefois il est bien de rappeler que ses œuvres n’aiment pas être classées, déchiffrées et comprises dans toutes leurs juxtapositions cristallines.
Au fil de son exposition, nous avons tout de suite remarqué que ces paysages au premier plan ne semblent pas être qu’un décor, mais un élément très important de la construction d’un message. Un message qui est assez complexe, ou la réalité est multipliée. En effet avec la superposition des sujets et des couleurs, il mène notre regard jusqu’aux profondeurs de ses tableaux. Et c’est là que, finalement, nous prenons conscience: « des horizons si grands ».
Lors de notre rencontre avec Olivier, nous avons eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions.

1. D’après ce que nous avons lu sur le catalogue de l’expo, vous êtes à la fois peintre et pêcheur, quel est le rapport entre les deux? Les peintres et les pêcheurs ont ce rapport amoureux aux surfaces ambiguës, l’eau pour le pêcheur, la toile pour le peintre. Les deux ont aussi ce besoin de quête, le poisson pour le pêcheur et le chef-d’œuvre pour le peintre.

2. Le voyage vous passionne autant physiquement qu’intérieurement, y a-t-il des points de repères/havres qui ressortent plus souvent dans vos œuvres? Le paysage est mon sujet, ma source d’ inspiration, mais aussi mon outil de travail. Parmi mes lieux privilégiés il y a la Corrèze de mon enfance qui est mon paysage originel, ensuite mes voyages m’ont ouvert à des paysages fantastiques qui ponctuent mes tableaux : Chili, Nouvelle Zélande, Madagascar.

3. Quel est votre vision de l’intégration du corps humain dans la nature? Le corps a été un véritable enjeu pour moi, c’est avec des sujets mythologiques, particulièrement « Diane sortant du bain », que j’ai réussi à intégrer le corps des baigneuses dans le paysage.

4. La juxtaposition des sujets et des couleurs est-elle un processus instinctif chez vous? La superposition est devenue pour moi un moyen de narration, une manière de parler de plusieurs moments sur un même tableau, c’est aussi une manière d’ évoquer le souvenir et la mémoire, une forme de nostalgie par rapport à un monde passé où idéalisé.

5. Comment définiriez-vous votre style pictural? Mon style est celui d’un amoureux de la peinture, j’aime mélanger les époques et les styles. La peinture aujourd’hui n’a pas forcément une seule écriture, ce sera certainement à la fin de ma vie que je pourrais, peut-être, le définir.

6. Quel est le moment de la journée, s’il y en a un, pendant lequel vous préférez peindre et pourquoi? J’aime énormément peindre très tôt le matin, alors que le monde est encore endormi. Ce sont des moments de calme, de silence et de contemplation.

7. Parlez-nous de L’Odalisque #2 qui est, selon nous, une œuvre assez emblématique de votre style. D’où vient l’inspiration et comment sont construits les plans et arrière-plan du paysage/ le personnage et la sérigraphie. L’Odalisque est un tableau inspiré de l’œuvre de François Boucher, ça commence comme une copie du tableau, afin de me l’approprier, puis je réalise une sérigraphie pour évoquer un voile et accentuer cette sensation de voyeurisme, que peut ressentir le spectateur, ensuite le paysage fait ressentir une évasion, un ailleurs. La scène est un sujet érotique et je voulais avec le paysage évoquer la sensualité du corps et du paysage.

Olivier Masmonteil à Cannes

« DES HORIZONS SI GRANDS »
Suquet des Artistes, 7 Rue Saint-Dizier , Cannes France

jusqu’au 6 décembre 2020