Le plus extraordinaire et talentueux interprète de la bande dessinée flamande continue à me séduire et à me surprendre. Lire son bouquin « Les Rigoles » – éditions Actes Sud – a été comme courir au milieu d’une tempête à la recherche d’un endroit tranquille pour se poser et puis, une fois trouvé, se jeter de nouveau dans la mer profonde pour retrouver ce frisson de l’eau sur la peau, de la pluie, d’une danse frénétique, l’envie de rire sans savoir pourquoi.
Dans le cadre de la ville qu’il imagine, il raconte des nuits sauvages et des personnages bizarres, des conversations obscures avec plein de symboles et des couleurs, encore une fois violentes. Et un tout cela il y a même la place pour une petite suspension et quelques mots de sagesse. L’un de ses personnages se pose une question primordiale:….
« d’où nous venons et où nous allons ? ». Questions et réponses difficiles , en quête de quelque chose de différent et qui unit les différences.

Visuellement, son univers est bien nostalgique. Comme un peintre, il s’offre le temps du recul. Il précise: « La plupart des auteurs de BD dessinent en continu. Moi, je fais quelques gestes, et puis je regarde ». C’est d’ailleurs en observant les tableaux cubistes et expressionnistes qu’il s’est mis à déconstruire la perspective pour l’adapter à l’atmosphère de son récit. « Je trouve très sain d’utiliser des choses d’autres artistes, et j’aimerais bien, moi aussi, voir les gens utiliser mon approche. Ça ne me menace pas du tout, au contraire. Au final, ce sera toujours leur version ». Dans ses papiers à crayon, tout est dynamique: entre rêve et cauchemar, les murs dansent autour des personnages, qui eux-mêmes semblent prêts à bondir de la page.

Un homme passe une dernière nuit à Paris avant de joindre sa belle à Berlin. Aucun de ses amis est disponible et il s’en remet au hasard et aux créatures de la nuit….

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