Cannes est une belle ville, propre et pétillante. On y respire un sens profond d’écologie, fondé sur des bases de civisme. Chaque fois que j’arrive je remarque des nouveautés et des améliorations. Je considère Cannes un peu comme ma ville aussi et je découvre avec plaisir chaque petit détail. Dès que je peux je m’y rends pour m’inspirer et m’évader. Au fil des années, j’ai apprécié la constante vague de changements amené par le Maire David Lisnard. C’est un homme rationnel, résolu et très actif. J’ai eu l’occasion de pouvoir lui poser quelques questions, pour mieux comprendre les racines de son attitude verte et son infatigable et volcanique énergie.

1. Un développement si harmonieux de la ville de Cannes a-t-il impliqué tout d’abord une demande d’engagement individuel des citoyens ?. Toute action politique, au sens noble du terme, doit selon moi rechercher le développement harmonieux urbain. La finalité de chacune des actions que j’ai engagées depuis cinq ans est donc d’améliorer la qualité de vie des résidents, les services publics, l’attractivité de la ville tout en protégeant les espaces naturels tels que les îles de Lérins ou la Croix des Gardes, véritables trésors de notre territoire. Il faut préserver et valoriser notre patrimoine et notre identité, notre mode de vie. Et pour arriver à cela, l’engagement individuel des citoyens est en effet primordial. C’est tout mon mandat pour le renouveau civique. Il faut arriver à ce que chacun se sente participatif, collaboratif. Les Cannois doivent être impliqués, mais également les touristes, et tous les visiteurs. Il faut faire communauté. La lutte contre l’incivisme permet à terme de réduire les coûts, les compacteurs de déchets par exemple permettent de baisser les frais de collecte, etc. La sobriété fiscale est une exigence. Elle ne peut être fiable que si elle se fonde sur une baisse des dépenses de fonctionnement.

2. Vous n’avez pas touché, pour le moment, à l’augmentation des taux d’impôts communaux, donc est-il possible de conjuguer la nouvelle vague écologiste et les économies de la commune? . Oui car ces questions-là sont transversales. La difficulté et l’intérêt de l’action publique est de concilier des légitimités contradictoires, trouver le bon point d’équilibre et c’est ce que nous faisons. Lorsque nous construisons ou rénovons un bâtiment, nous intégrons systématiquement la notion d’économies, d’énergie ou de fluides. Cela a été le cas par exemple lors de la construction de l’école communale Jacqueline de Romilly, très performante sur le plan énergétique, ou encore lors de la rénovation du stade des Hespérides, qui a engendré une économie d’eau d’arrosage de près de 1 000 m3. La consommation énergétique des bâtiments est une problématique importante. Nous avons aussi mis en place un système de management de l’énergie (ISO 50001) sur une vingtaine de bâtiments publics pour réaliser des économies d’énergies conséquentes. C’est est une vraie priorité pour protéger la planète, mais aussi pour bien gérer les finances communales.

3. Comment avez-vous envisagé de réduire de 20% la consommation d’eau de la ville?. Pour assurer l’arrosage des espaces verts de la commune, la Mairie de Cannes a mis en place depuis le début de l’année 2019 une gestion centralisée qui permet d’assurer un réel contrôle et d’adapter automatiquement les temps d’arrosage en réponse aux variations de l’environnement (changement climatique, rupture de canalisation). Un système flexible qui permet d’économiser près de 80 000 euros par an en réduisant la consommation d’eau de 20 %, mais aussi en d’obtenir un gain de temps important, en réduisant les interventions physiques sur site.

4. Quels moyens avez-vous mis en place pour protéger les plages et le littoral des coups de mer?. Il y a un an, nous avons lancé le plus vaste programme d’embellissement et de réaménagement de la Croisette jamais réalisé depuis 1960. Parmi les actions mises en place, ses célèbres plages ont été considérablement agrandies. Pour atteindre 40 m de profondeur sur tout leur linéaire, elles ont bénéficié d’un apport de sable par voies maritime et terrestre d’environ 95 000 m3. Cet élargissement par réensablement a été réalisé sans aucune incidence environnementale puisque les plages de la Croisette sont artificielles : elles existent uniquement grâce aux apports de sable. Afin de réduire la hauteur des vagues avant qu’elles n’atteignent la plage et ainsi de limiter les coups de mer, une digue sous-marine en géotextile de 550 m avait auparavant été installée pour protéger les plages de la Croisette, de Zamenhof à Macé (non comprise). Immergée à 90 m du pied de plage, cette digue se décompose en quatre tronçons – des boudins remplis de sable pour un procédé plus écologique et moins dangereux qu’une digue en dur en enrochements. Puis, en octobre dernier, nous avons débuté un vaste chantier de réfection et de confortement des digues Laubeuf et du Large, lesquelles protègent le Vieux Port de Cannes. Les travaux, menés en partenariat étroit avec la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Nice Côte d’Azur et l’Agglomération Cannes Lérins, ont pour double objectif d’anticiper et de limiter le risque de submersion marine du site, mais également d’offrir à terme un bel espace de promenade panoramique. Pour renforcer l’ouvrage, les enrochements naturels situés autour de la digue sont remplacés par quelque 4 500 acropodes, des blocs en béton armé extrêmement solides de neuf tonnes chacun – fabriqués à La Bocca – destinés à faire office de brise-lames. Un mur de renvoi de houle (chasse-mer) sera également édifié le long de la jetée (jusqu’à l’ancien phare) pour protéger parking et infrastructures portuaires. L’opération, menée dans le respect de la protection de l’environnement marin, a été divisée en trois sections, afin de limiter l’impact sur l’activité touristique et économique du site.

5. Votre « Plan Squares » a créé cinq squares verts en cinq ans, ce qui est tout à fait remarquable. Où en êtes-vous de la création des jardins familiaux et partagés ?. Les jardins familiaux sont des parcelles de terrain mises à la disposition des habitants et associations par la municipalité. Ils leur permettent de profiter de leur production maraîchère et donc de produits de qualité pour un prix de revient minimal. Les jardins sont attribués selon des critères précis, dont les ressources, la composition familiale, les connaissances en jardinage, etc. Les familles doivent cultiver les jardins avec des engrais naturels et non polluants. Seules les cultures potagères sont autorisées, sur des parcelles allant de 50 à 100 m² environ. À Cannes, quatre sites regroupent 93 parcelles : les jardins familiaux de l’Estérel (sept jardins sur 800 m²) ; de Font-de-Veyre (27 parcelles sur 2 200 m²) ; du Périer (11 jardiniers cultivent ce site sur 1 681 m²) et enfin les jardins familiaux de la Basse vallée de la Siagne, inaugurés en 2014 (48 parcelles sur 7 000 m²). Six jardins partagés sont gérés par des associations ou habitants de quartiers : trois à Ranguin (gérés par la MJC centre social Coeur de Ranguin, l’ITEP Mirabel et le club Bel Âge du quartier) ; deux dans la Basse vallée de la Siagne (l’un géré par Parcours de femmes, l’autre par les AVF) et un aux Vallergues, géré par l’Atelier du Zéro Six. Ce sont des espaces verts cultivés, des lieux de vie ouverts sur le quartier qui favorisent les rencontres et permettent de bénéficier de produits frais à moindre coût.

6. Comment prévenez-vous l’incivisme environnemental ?. Pour sensibiliser le public à cette problématique environnementale, née de comportements inciviques, nous avons créé la campagne Ici commence la mer, avec un message fort décliné sur des affiches et au sol sur plus de 200 plaques installées près des avaloirs où sont hélas jetés des mégots et autres déchets. Outre le fléau des mégots – lorsque l’on sait qu’en France, on estime entre 20 000 et 25 000 tonnes la quantité de mégots jetés chaque année et qu’un seul mégot dans une rivière ou la mer pollue 500 litres d’eau – , il est aussi inconcevable qu’au XXIe siècle on continue à balancer dans la rue des sacs ou des bouteilles plastiques, des paquets de cigarettes ou des canettes de bière; des déchets que l’on retrouve dans les réseaux d’eaux pluviales ou, s’il y a du vent, qui s’envolent et que l’on retrouve dans la mer. Il faut bien réaliser que sur le problème des déchets plastiques dans les océans par exemple, qui est un problème majeur, nos comportements individuels ont une réelle influence. A ce propos, nous venons d’installer sur la plage Macé un « poisson pédagogique » géant destiné à sensibiliser tout un chacun à la pollution maritime. Réalisé en interne, ce drôle de poisson métallique de deux mètres par trois est rempli de 2,5 m3 de déchets trouvés lors d’opérations de nettoyage des fonds marins, sur les plages et les enrochements. C’est un outil original et efficace qui marque les esprits et éveille les consciences. Il sera déplacé sur différentes plages de la ville, durant l’été. En outre, nous avons mis en place, le 1er juin dernier, une charte environnementale « zéro plastique » dans les quarante-neuf kiosques de restauration présents à Cannes, notamment le long du littoral. Tous les verres, assiettes, pailles et autres couverts distribués dans ces établissements sont désormais en matières biodégradables. Ainsi, à Cannes, nous montrons la voie de la transition écologique avec des actes concrets. Bref, par la prévention, l’information et la sensibilisation, sans oublier la sanction – 75 000 PV pour incivilités ont été dressés depuis 2014 – nous agissons et créons une forme de civisme environnemental. C’est un combat quotidien qui doit être collectif car chacun doit aussi prendre ses responsabilités.